Avec son plan de 2.000 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures, le président américain Joe Biden a du même coup dévoilé le cœur de sa stratégie climatique, en détaillant ses grandes orientations pour atteindre les objectifs environnementaux fixés pour le pays. Le vaste projet doit notamment mettre les Etats-Unis sur le bon chemin pour tenir deux promesses phares du démocrate: ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d’ici 2035, et que l’économie du pays atteigne une neutralité carbone d’ici 2050. “Nous pensons qu’avec ces investissements (...), nous pouvons faire de (ces engagements) une réalité”, a déclaré jeudi Gina McCarthy, conseillère nationale sur l’environnement. “Oui, c’est audacieux, et nous pensons que c’est exactement ce qu’il faut faire.” Le plan de Joe Biden met d’abord l’accent sur la transformation du secteur automobile, en investissant 174 milliards de dollars pour “gagner le marché des véhicules électriques”, par exemple en stimulant les chaînes d’approvisionnement du pays ou le rééquipement des usines. Il prévoit de construire un réseau national de 500.000 stations de recharge d’ici 2030, et le passage à l’électricité pour 20% des célèbres bus jaunes de ramassage scolaire. Ensuite, le plan s’attaque au secteur énergétique (100 milliards de dollars d’investissement). Il comporte une extension d’avantages fiscaux visant à inciter à la production d’énergie renouvelable, notamment solaire et éolienne. Et l’utilisation par les bâtiments fédéraux d’énergie “propre” uniquement. Surtout, il propose l’instauration d’une mesure obligeant les fournisseurs d’électricité à ce qu’une proportion donnée de l’énergie vendue provienne de sources n’émettant pas de CO2 (Clean Electricity Standard). “Une mesure politique incroyablement efficace”, selon Lindsey Walters, de l’organisation Third way, notamment pour “susciter une demande de long terme pour des technologies d’énergie propre”. Ce mécanisme est déjà utilisé localement, par exemple en Californie. “C’est l’une des meilleures méthodes pour obtenir les réductions (d’émissions) que nous recherchons”, a souligné Gina McCarthy. La conseillère a par ailleurs rappelé l’annonce la semaine dernière par l’exécutif de l’accent mis sur l’éolien en mer, pour lequel il a fixé l’objectif de produire 30 gigawatts (GW) d’ici 2030, via des milliards d’investissements par an sur les côtes atlantiques et pacifiques. “Les deux plus grosses sources de pollution aux Etats-Unis sont les transports et la production d’énergie, et ce plan a des engagements forts sur les deux”, a commenté pour l’AFP Dan Lashof, le directeur de l’organisation World Resources Institute aux EtatsUnis. “C’est ambitieux. Je pense que c’est le bon plan, au bon moment”, a-t-il ajouté, qualifiant le projet de “pierre angulaire de la stratégie climatique” de Joe Biden.